Un tribunal britannique a émis un jugement sans précédent, interdisant à un individu condamné pour pédocriminalité l’usage d’outils d’intelligence artificielle pendant cinq ans.
Un verdict pionnier face à la technologie générative
Au Royaume-Uni, un cas juridique d’une importance capitale s’est joué récemment, aboutissant à une décision judiciaire inédite. Un homme de 48 ans, reconnu coupable de création de contenu pédopornographique grâce à des outils d’intelligence artificielle (IA) générative, s’est vu interdire l’utilisation de tels outils pendant une période de cinq ans. Cette mesure, rapportée par The Guardian, est une première mondiale et souligne la gravité avec laquelle la justice britannique envisage désormais les crimes impliquant des technologies avancées.
Des restrictions spécifiques sur les outils d’IA
La cour a imposé à l’accusé une interdiction formelle d’utiliser, de visiter ou même d’accéder à des outils d’IA générative sans une autorisation explicite de la police. Parmi les logiciels spécifiquement mentionnés figure Stable Diffusion, connu pour sa capacité à générer des images hyperréalistes, y compris de nature pédocriminelle. Cette décision met en lumière les risques associés à l’usage détourné de l’IA, soulignant la nécessité de réguler strictement ces technologies face à leur potentiel de nuisance.
Le contexte législatif et la réponse du gouvernement
La législation britannique interdit depuis les années 1990 la création, la possession et la distribution de matériel pédopornographique artificiel. Face à l’évolution rapide de la technologie et à l’émergence des « pseudo-photographies » générées par IA, qui posent un défi quant à leur distinction des images réelles, le gouvernement a récemment étendu sa réglementation. En avril 2024, une nouvelle infraction a été créée pour sanctionner la production de deepfakes à caractère sexuel impliquant des adultes sans leur consentement, témoignant de la volonté de l’État de combattre les abus facilités par l’IA.
La lutte contre les « usines individuelles » d’abus
Les autorités judiciaires et les organisations de protection de l’enfance sont confrontées à une augmentation des cas impliquant des images générées par l’IA, difficilement différenciables des photographies authentiques. L’Internet Watch Foundation (IWF) et d’autres entités plaident pour une vigilance accrue et des mesures légales renforcées pour endiguer cette menace. Ce jugement récent est perçu comme un signal fort adressé à ceux qui exploitent l’IA pour produire et diffuser du contenu illégal, marquant un tournant dans la lutte contre la pédocriminalité à l’ère digitale.
L’affaire souligne également les défis auxquels sont confrontés les enquêteurs et les législateurs dans un monde où la technologie évolue plus rapidement que le cadre juridique. Alors que les restrictions sur l’utilisation d’internet et des technologies numériques pour les délinquants sexuels ne sont pas nouvelles, l’application spécifique à l’IA générative ouvre un nouveau chapitre dans la régulation de l’espace numérique.
Dans une société où l’intelligence artificielle devient omniprésente, quelles autres mesures devront être envisagées pour protéger les plus vulnérables sans entraver l’innovation ? La décision du tribunal britannique pourrait-elle servir de modèle pour d’autres juridictions à travers le monde face à des crimes similaires ?