Oubliez la laponie. la seule et unique fabrique du père noël se trouve dans une ville chinoise étrange et méconnue appelée yiwu. plongée dans l’épicentre mondial des décorations de noël et des cadeaux en plastique.
C’est là que nos grandes-surfaces viennent se fournir avant Noël. La ville chinoise de Yiwu, située à environ 250 kilomètres de Shanghai, est souvent appelée le « village de Noël » de la Chine. Elle doit ce surnom à l’énorme quantité de décorations de Noël fabriquée là-bas. Ici, pas de neige ni de lutins, mais bien 600 usines qui produisent toute l’année pas loin de 60% des décorations de Noël du monde selon Xinhua , l’agence de presse chinoise. Les produits sont souvent assemblés à la main dans des conditions médiocres.
On parle souvent de « l’esprit de Noël », mais qu’en pensent ces ouvriers immigrés qui passent 12 heures par jour à peindre des objets pour moins de 400 euros par mois ?
Crédit photo: Agence Sina
À l’intérieur d’un de ces grands hangars, ressemblant à une gigantesque grande surface aux rayons identiques et presque infinis, nous voilà entouré de sapins artificiels, de boules, guirlandes, fausse neige, bonnets de Père-Noël et de rennes animés à LED. Tout ce que l’on peut entendre, c’est de la musique de Noël. Comme si l’on était pris au piège dans notre pire cauchemar de Noël.
Yiwu est donc célèbre pour son marché de gros, considéré depuis 2005 comme le plus gros marché de petites marchandises au monde. Le marché de Futian, le principal et le plus grand de Yiwu, couvre une superficie de 4 millions de mètres carrés, avec 62.000 fournisseurs à l’intérieur qui présentent 400.000 types de produits presque tous les jours. 40.000 visiteurs par jour s’y presseraient, dont 5000 seraient des acheteurs étrangers à destinations de 215 pays et régions. Voilà pour les chiffres.
Crédit photo: Agence Sina
Le lieu est tellement immense qu’il est divisé en cinq districts différents dont deux sont exclusivement consacrés à Noël, et stockent des produits qui garniront ensuite nos supermarchés, puis orneront nos sapins et nos maisons.
Dans ce qui ressemble à un labyrinthe pour celui qui y met les pieds pour la première fois, tout est pourtant bien organisé. En s’arrêtant dans l’un des districts, le rouge de Noël semble avoir giclé comme du sang sur les murs de l’usine. C’est ici que le quotidien The Guardian a rencontré Wei, un jeune de 19 ans qui travaille ici avec son père. Ce dernier qui peint à la chaîne des bonnets de père Noël et des figurines de bonhomme de neige ne sait même pas à quoi correspond cette fête. « C’est peut-être comme le nouvel an chinois pour les étrangers », suppose t-il.
Crédit photo: Agence Sina
Wei porte lui-même un bonnet pour éviter que ses cheveux se colorent de rouge. Il a besoin de 10 masques par jour pour éviter de respirer la poudre rouge qui flotte dans l’air, et dont on doute sérieusement des effets positifs pour sa santé. Lui et son père sont chargés, chaque jour, de transformer 5000 flocons de neige faits de polystyrène en rouge. Un exercice pénible et mal payé auquel ils sont obligés de se soumettre pour gagner assez d’argent et permettre à Wei de se marier, c’est son rêve.
Au-delà des conditions de travail, ce lieu, à travers ce reportage photo, soulève une véritable question environnementale qui concerne le monde entier. Peut-on continuer à produire dans ces conditions ? Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour garantir nos achats à petits prix ? D’autant que Yiwu n’est pas le seul fournisseur du monde pour les décorations de Noël. D’autres fournisseurs viennent concurrencer la ville. Sur Alibaba par exemple, plus de 500.000 objets de décorations de Noël peuvent vous être livrés devant votre porte en un clic. Tellement facile…
Crédit photo: Agence Sina
Crédit photo: Agence Sina
Crédit photo: Agence Sina
Crédit photo: Agence Sina
Crédit photo: Agence Sina
« Joyeux Noël » !
Cet article s’est inspiré des reportages publiés en décembre 2014 parallèlement sur les sites de la BBC , du Guardian et de Quartz . Le studio Unknown Fields Division avait également publié une vidéo instructive de ce que leurs reporters avaient trouvé là bas :