Face à l’explosion d’Internet, des plateformes de streaming et d’écoute en ligne, ou encore de l’éventail des supports numériques, peut-on annoncer la fin prochaine de la radio ?
Après 60 ans de bons et loyaux services, la radio FM va bientôt signer son arrêt de mort au profit de la radio numérique. Cet enterrement sera donné par la Norvège dès janvier 2017 . En effet, le pays prévoit une transition vers le Digital Audio Broadcasting (DAB), la future norme nationale, et explique que les avantages sont nombreux, à commencer par le coût d’émission des chaînes digitales qui sera huit fois moins élevé que celui des chaînes de radio FM.
Les radios françaises n’échapperont pas à cette transition. La FM avait remplacé l’AM, son ancêtre, car cela permettait d’avoir une meilleure qualité audio. Mais aujourd’hui il suffit d’écouter de la musique sur son autoradio pour comprendre que face à Spotify, Deezer ou YouTube en streaming ou même à un bon lecteur MP3, la FM ne fait plus le poids. Face à la puissance d’Internet, la radio telle qu’on la connait va-t-elle disparaître ? C’est ce que nous allons tenter de découvrir à travers notre enquête.
Le poste radio dans les voitures sera de plus en plus remplacé par un tableau de bord intelligent
Dans un article datant de 2013 du Detroit News, on apprend que les radios AM/FM ne devraient pas tarder à disparaître entièrement des voitures. Cette affirmation se base sur l’interview de Thilo Koslowski, vice-président chargé de l’automobile chez Gartner, qui affirme que la radio AM/FM ne sera plus la priorité à installer dans un véhicule. Selon lui, les constructeurs vont concentrer leurs efforts sur l’intégration des smartphones, ainsi que la navigation sur Internet et la musique en streaming. Cela signifie que même si les auditeurs pourront toujours profiter de leurs stations de radio préférées, il est moins probable qu’ils utiliseront des systèmes de diffusion traditionnels pour le faire.
Le tableau de bord d’Apple, CarPlay.
Les constructeurs automobiles commencent à proposer des systèmes d’exploitation dans leurs véhicules. Nos voitures seront bientôt disponibles avec l’Internet mobile 4G. Ainsi, les tableaux de bord pourraient proposer directement de lire vos musiques enregistrées, ou celles de vos playlists YouTube, Spotify et autres, au détriment des radios traditionnelles.
Cependant, comme on pouvait s’y attendre, l’abandon des ondes hertziennes risque de prendre du temps. Pour commencer, la technologie actuelle ne produit pas un signal à haute vitesse fiable partout, alors que les signaux AM et FM sont en grande partie fiables sur de grandes distances. De plus, les postes radio devraient rester encore longtemps dans les véhicules car les constructeurs automobiles ne veulent pas voir leurs clients partir chez la concurrence. Le marché n’est peut-être pas encore « prêt ».
L’essor des plateformes de streaming provoque-t-il le déclin de la radio ?
En 2015, le streaming est devenu la principale source de revenus pour l’industrie musicale aux Etats-Unis. L’écoute sur les plates-formes en ligne représente désormais 34,3 % du chiffre d’affaires du secteur, contre 34 % pour le téléchargement à l’unité et 28,8 % pour les ventes physiques (CD, vinyles). La part du streaming n’était que de 7 % en 2010.
En France, où le marché de la vente physique représente toujours 58 % des revenus en 2015, le streaming n’est pas encore la locomotive de l’industrie, mais il s’agit néanmoins du type de consommation qui connaît la plus forte progression : c’est la seconde principale source de revenus du secteur avec 25 % du chiffre d’affaires global de la musique. Elle n’était que de 4 % en 2010.
Crédit photo: Flickr – freestocks.org
Force est de constater que les consommateurs sont de plus en plus connectés et délaissent de ce fait les postes radio qui autrefois ornaient la table basse du salon. Mais comme l’indique un rapport récent de Médiamétrie , 12% des Français de 13 ans et plus (soit 6,4 millions de personnes) écoutent chaque jour la radio sur un support digital. Pas sûr que ce soit le cas sur le long terme.
La radio résiste, mais va devoir s’adapter
En fin d’année 2014, une combinaison avantageuse liée à la météo, à la démographie et le retour des jeunes auditeurs a permis aux radios de réaliser un record historique, à savoir 43,6 millions d’auditeurs quotidiens en moyenne .
En période de crise, et face à l’explosion d’internet, la radio est le média qui se montre le plus rentable . Très souple et moins cher, il séduit les annonceurs.
Ainsi pour un média parfois présenté comme en déclin , la radio semble, en tous cas à court terme, mieux que résister.
Si l’on a vu que les jeunes auditeurs étaient de retour, le public adolescent est voué à abandonner les radios, y compris celles qui s’adressent à lui (NRJ, Fun Radio, Virgin Radio, etc…) au profit des réseaux sociaux et musique en ligne. Une enquête du ministère de la culture datant de 2008 sur les pratiques culturelles des Français à l’ère numérique soulignait déjà ce point.
La radio va devoir, comme c’est déjà le cas pour la presse écrite , trouver la bonne complémentarité entre le support d’origine et les différents supports numériques, face au smartphone et autres supports digitaux notamment en matière d’information.
Aujourd’hui, le public expérimente des formes de pratiques d’information et de divertissement combinant de plus en plus les différentes formes de narration. Cela ne veut pas dire que la radio va disparaître, mais que des combinaisons nouvelles entre ce média historique et des expressions de celui-ci sur davantage de supports vont percer.
Reste qu’à court terme, la radio est exceptionnellement forte en France, et elle est le média qui bénéficie de la plus grande confiance des Français , comme le rappelle le Baromètre TNS-Sofres pour La Croix.
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