Lors de chaque attentat qui survient en France et dans les pays voisins, l’ensemble des médias reprend l’information en boucle et sous tous les angles. Nous nous sommes demandés comment cette saturation des médias par un seul sujet était pertinente et quel impact cela pouvait induire sur la société.

S’il y a bien une chose que vous n’avez pas manqué, c’est la rapidité avec laquelle les médias réagissent à une attaque terroriste: arrêt de tous les programmes, images et interviews en boucle où on rajoute petit à petit la moindre petite information qui filtre de la situation. Une petite info croustillante ou une anecdote vraie ou fausse, là n’est pas la question, l’essentiel est de meubler… Une situation angoissante qui tient le téléspectateur ou le lecteur en haleine et permet de faire de l’audience.

Evidemment, les médias sont là pour nous informer et il est logique de faire des directs pour informer rapidement les citoyens. Mais une fois l’événement terminé, est-il légitime de continuer pendant des jours, voire des semaines, sur le même fil ?

Rendre les auteurs d’attaque anonymes ?

Pour commencer, il y a la question des terroristes en eux-mêmes qui sont les « stars » du programme pendant des semaines sur nos écrans. Certains médias commencent (enfin) à se poser la question sur le fait de rendre anonyme ou non les auteurs d’attentats terroristes. Au Monde notamment qui se pose la question: Médias : faut-il divulguer l’identité et la photo des terroristes? . Plusieurs médias dont Le Monde ont d’ailleurs décidé de ne plus diffuser les photos des terroristes, une décision qui semble aller dans le bon sens. Mais ne faudrait-il pas aller plus loin?

Entre ceux qui sont favorables à une certaine retenue dans la médiatisation de ces hommes et ceux qui sont contre car « ça ne les empêcherait pas d’agir », on se demande vraiment jusqu’où va l’hypocrisie chez les politiques et certains médias.

Il est évident que les médias en diffusant les noms, photos, parcours et actes des terroristes participent au phénomène de radicalisation !

Nous ne pouvons être neutre sur ce sujet tant il est évident pour nous que les images en boucle d’actes terroristes participent au climat d’insécurité en France et accroissent les tensions entre les communautés, en plus de favoriser la radicalisation.

Car ce n’est pas seulement le nom et la photo des terroristes qui sont diffusés dans les médias mais aussi leur âge, leur milieu social, le quartier dans lequel ils vivaient, leur famille, leur intimité et toute leur vie en général qui est décortiquée sur les plateaux TV et dans les journaux. Des informations souvent inutiles et qui ne sont là que pour créer une curiosité malsaine des téléspectateurs mais aussi de tous les jeunes fragiles et sur le chemin de la radicalisation qui pourraient s’identifier aux terroristes et voir en eux des sortes de héros modernes. Il est certain que les jeunes en voie de radicalisation n’ont pas besoin de BFM TV pour se radicaliser mais, pour autant, est-il nécessaire d’en rajouter une couche?

Le traitement médiatique des auteurs d’attentat devrait tout simplement être interdit par la loi, sauf en cas de recherche active de la police d’un individu. « L’auteur des attentats de Nice » devrait être la seule chose que l’on puisse dire sur la personne qui a commis cet attentat. Sa vie ne devrait être ni médiatisée, ni racontée, ses proches ne devrait pas faire l’objet d’interviews et il serait oublié à jamais et ce serait une bonne chose. Raconter une histoire, la diffuser, c’est la faire vivre. L’histoire a-t-elle vraiment besoin de se rappeler les noms de bourreaux quand il faudrait se rappeler des victimes?

Personne ne connait les noms des victimes, mais le nom des bourreaux est sur tous les écrans et sur toutes les lèvres…

Des événements qui couvrent bien trop d’espace médiatique

Les attentats comme ceux que nous avons connus en France ou en Allemagne par exemple, sont toujours des événements tragiques sur lesquels on ne peut faire l’impasse, évidemment. Il faut pourtant se demander s’il est pertinent que ces attentats couvrent l’ensemble de l’espace médiatique et influent sur la vie des français comme ils le font. Aujourd’hui, avec Twitter, Facebook et les dizaines d’autres canaux de communication, tout le monde est à l’écoute et tout le monde réagit rapidement aux informations et les médias amplifient le phénomène poussant parfois jusqu’à des situations malsaines.

Dessin de Nawak

Crédit photo: Nawak

Il suffit d’aller sur Twitter pour s’en rendre compte. Le moindre hashtag traitant de près ou de loin d’un attentat est un amas de haine et de violences verbales entre internautes, politiques et communautés diverses. Il suffit de regarder les hashtags populaires sur Twitter pour voir comment l’information des médias influent sur le comportement des internautes au fur et à mesure de l’annonce des événements.

Et pendant les jours et semaines qui suivent « l’euphorie médiatique » d’un attentat, plus aucun autre sujet n’est traité. Les politiques que l’on reçoit sur les plateaux télévisés ne parlent plus d’économie, d’écologie, d’emploi ou d’innovation. Les autres sujets sont écartés et le débat n’est plus centré que sur des thèmes néfastes comme la « sécurité », la « responsabilité du gouvernement », la « guerre » ou autre. À croire qu’il ne se passe plus rien d’autre d’important dans le monde. Comme si l’on forçait les gens à regarder d’encore plus près l’horreur qu’ils ont déjà vue et revue des dizaines de fois à la télévision et dans les journaux.

Sans vouloir minimiser les actes terroristes, ils ne devraient pas être un élément central dans les médias français. Il y a des centaines de problèmes qui touchent les français au quotidien, des dizaines d’autres sujets importants à traiter chaque jour dans l’hexagone et dans le monde entier et sur lequel il serait plus intéressant et constructif de revenir pour ramener un débat positif en France et qui ne soit pas entièrement axé sur l’immigration, la sécurité et la guerre.

En France, il y a 5 morts tous les 2 jours par homicide, 1 mort tous les jours par intoxication alimentaire, 1 mort par heure d’accident domestique. Si les médias veulent courir après la mort, ils ne devrait pas s’arrêter à Daesh s’ils voulaient vraiment informer les français…

Il ne reste maintenant plus qu’au gouvernement à réaliser l’impact négatif que peuvent avoir les médias dans ce genre d’occasion et de travailler avec eux pour une information plus saine et plus maîtrisée et ralentir le bourrage de crâne permanent et l’avidité des médias qui surfent volontiers et sans scrupules sur ces événements tragiques dans leur triste course à l’information.

De notre côté, nous avons décidé de ne plus réaliser d’articles traitant directement d’un attentat spécifique en France ou à l’étranger.

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3 Commentaires

  1. Très bon article, tout à fait sensé. Enfin un média qui prend de la distance, qui n’est pas pour la course à l’audimat à tout prix. Il ne faut, en effet, pas négliger tous les autres problèmes en France et à l’étranger. Les terroristes deviennent les « stars » du moment alors que l’on devrait plus parler des victimes. Les proches des terroristes risquent de vivre l’enfer une fois l’identité des terroristes dévoilée avec leur vie.

  2. Oui en effet, un excellent article où je vois bien que je ne suis pas le seul à penser comme dans cet article; pourquoi en faire tout un plat lors d’un événement si crapuleux ? Nous n’avons pas besoin de savoir toute sa vie de long en large, comme expliqué dans cet article ! Oui je trouve vraiment dommage que l’on s’arrache tous les détails et qu’on expose au grand public toutes ces horreurs dans les moindres détails et effectivement, nous n’avons pas à connaître toute la famille dont laquelle, j’en suis convaincu, est autant dévastée que toutes les victimes ainsi que nous tous et toutes !!! Oui, je suis bien d’accord à dire que c’est vraiment de la surmédiatisation !!!

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