La capitale turque se réveille ce matin dans une mare de sang, après le triple attentat-suicide qui a secoué son aéroport international en milieu de soirée ce 28 juin 2016.

22 heures (21 heures à Paris) à Istanbul, la capitale turque. Alors que les habitants regagnaient leurs domiciles après une journée spécialement marquée par un ensoleillement pesant, trois kamikazes prennent d’assaut de l’aéroport international d’Atatürk, et ouvrent le feu contre les passagers avec des fusils mitrailleurs. Gros vent de panique, les occupants du lieu public souvent bondé le soir, se ruent vers les issues de secours, mais les trois assaillants se font exploser, un lourd bilan de 41 morts et 239 blessés est à déplorer à l’heure où nous écrivons. Retour sur la soirée de terreur qu’ont vécu les stambouliotes ce 28 juin 2016.

Un pays sous le choc, des autorités accablées

C’est le visage grave que le nouveau Premier ministre turc, Binali Yildirim, a annoncé le bilan de l’attaque, aux côtés du ministre de la Justice, Bekir Bozdag au devant de l’aéroport d’Atatürk, l’un des plus fréquentés d’Europe et le onzième au niveau mondial, avec ses 60 millions de passagers en 2015. Selon les dernières estimations, ce sont quelques 41 victimes et 239 blessés graves que le pays déplore dans un triple attentat-suicide, qui est le plus meurtrier des trois qu’il a déjà connu depuis le début de l’année.

« En un instant, ça a été la terreur. J’attendais mon vol pour Tokyo et soudain plein de gens se sont enfuis et je les ai suivis. J’ai entendu des coups de feu et c’était la panique » a expliqué à l’AFP une Japonaise, Yumi Koyi, rescapée de l’attaque. Les scènes rapportées par les images des caméras de surveillance, et capturées par les passagers présents sur les lieux sont macabres. On y voit notamment l’un des terroristes actionner sa ceinture d’explosifs après avoir été grièvement touché par les tirs d’un policier en faction.

La nuit fut longue pour Istanbul, ville cosmopolite et multiculturelle, où vivent paisiblement toutes les communautés indépendamment de leur origine ethnique, raciale ou leur croyance religieuse. En effet, selon le récit des autorités (qui ont d’ores et déjà ouvert une enquête pour en savoir davantage sur les circonstances et le pourquoi mais surtout le comment de l’attentat) sur cette attaque, des explosions ont été entendues à l’entrée du terminal des vols internationaux vers 22 heures locales.

À ce moment, les caméras de surveillance de l’aéroport montrent trois hommes dont les identités demeurent inconnues et lourdement armés pénétrer l’enceinte du lieu public et se diriger vers les passagers en leur tirant à bout portant. Comme le 13 novembre dernier à Paris, les assaillants ont mitraillé des personnes présentes sur les lieux ainsi que des policiers et agents de sécurité en faction, puis une fusillade a éclaté et les kamikazes se sont fait sauter, faisant 130 morts.

Si c’est encore le flou total en Turquie pour l’instant, des descriptions qui font froid dans le dos sont rapportées par des rescapés de l’attaque, comme Oftah Mohammed Abdullah, une jeune femme qui confie avoir vu l’un des assaillants avant le début des attaques: « Il avait une écharpe rose, une veste courte et avait caché un fusil. Il l’a sorti et a commencé à tirer sur les gens. Il marchait comme un prophète. » Pour le moment, aucune victime de nationalité française n’a été identifiée, la plupart étant turques. Les blessés, dont certains grièvement, ont été transportés à l’hôpital Bakırköy, devant lequel se sont massés familles, amis et connaissances.

Troisième attentat en 6 mois

En effet, ce n’est pas la première fois cette année qu’Istanbul est le théâtre de scènes macabres et meurtrières. Déjà en janvier 12 touristes allemands y avaient trouvé la mort, l’attaque avait été imputée à Daech, puis en mars dernier, 3 italiens et un iraniens avaient perdu la vie au cours d’un attentat visant un lieu touristique.

Si Daech n’a revendiqué aucun des attentats jusqu’à présent, d’autres groupements terroristes font un peu la loi en Turquie depuis peu, notamment le DAK, une branche lourdement armée du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), en guerre avec le pouvoir turc depuis 1984.

L’EI en tête de liste des suspects

Si le Premier ministre a formellement rejeté toute implication ou défaillance des services de sécurité de son pays ou de l’aéroport, il est clair que c’est la piste de Daech qui est privilégiée comme l’a déclaré le Premier ministre: « Les indices pointent Daech (acronyme de l’Etat Islamique NDLR) ». Pour l’heure, aucune revendication n’a été reçue par les autorités turques, mais le mode opératoire fait penser sans équivoque à l’œuvre du groupe terroriste qui est combattu en ce moment dans la péninsule arabique et au Moyen-Orient.

Un appel à la mobilisation mondiale contre Daech

Réunissant le cabinet civil et les autorités compétentes, le Président turc, Recep Tayirp Erdogan a tenu à rassurer ses compatriotes, et en appelle désormais à la mobilisation générale pour en finir une bonne fois pour toute avec Daech:

« J’espère vivement que l’attaque visant l’aéroport Atatürk sera un tournant, une charnière, pour la lutte commune à mener, avec en tête les pays occidentaux, sur toute la planète contre les organisations terroristes. »

Dans la foulée, la Maison Blanche par le biais de son porte-parole, a tenu à rassurer Ankara de son soutien, en rappelant la mobilisation et les « connexions internationales » qui ont suivi l’attentat à l’aéroport de Savetem le 22 mars dernier en Belgique.

Autre réaction très reprise, celle de l’actuel Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, qui espère « que les auteurs de ce crime seront identifiés et poursuivis en justice ». En attendant, le trafic a partiellement repris à l’aéroport d’Atatürk très tôt vers 3h ce mercredi matin, heure locale.

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Crédit photo principale : Twitter / İhlas Haber Ajansı

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