En islande, une équipe de chercheurs découvre une nouvelle méthode de stockage du co2. une façon de lutter contre le changement climatique !
La lutte contre le réchauffement climatique ne cesse de créer son lot d’innovations permettant d’envisager un futur plus propre. Et cette fois, une de ces solutions vient d’Islande. L’idée ? Stocker le dioxyde de carbone, principal gaz à effet de serre, sous terre pour en faire du calcaire. Mais est-ce fiable et faut-il craindre des effets néfastes imprévus ? Explications.
Crédit photo: Juerg Matter / ScienceMag
Un procédé expérimenté depuis longtemps
Il convient d’abord de préciser une chose importante: l’enfouissement du CO2 n’est guère nouveau et fait l’objet d’études approfondies un peu partout dans le monde. Que ce soit aux USA, en Chine ou en Australie, le procédé séduit beaucoup d’entreprises et fait l’objet d’expériences depuis les années 70.
C’est pourquoi il existe plusieurs sites d’expérimentations, y compris en France et menée par Total dans le bassin gazier de Lacq , dans le département des Pyrénées-Atlantiques. Il existe également un projet nommé ULCOS (Ultra-Low Carbon Dioxide Steelmaking), financé par l’Union Européenne et initié depuis 2004, dont l’une des pistes de recherche est axée sur la capture et le stockage du CO2 dans le domaine la sidérurgie.
Pourquoi cette méthode est-elle activement étudiée ? La raison est simple: elle permet de rapidement réduire les émissions de dioxyde de carbone d’origines industrielles, comme les centrales électriques thermiques, les cimenteries ou encore l’industrie sidérurgique. Une aubaine pour des pays ayant une importante industrie lourde ou dépendants des énergies fossiles pour la production d’électricité.
Des craintes de répercussions sur la santé et l’environnement
Cependant, la plupart des expérimentations font vivement l’objet de critiques, car ce type d’enfouissement pose d’importants problèmes, tant techniques que sanitaires, faisant craindre que les bénéfices d’une telle méthode ne soient que marginaux comparés aux risques engendrés. À plusieurs reprises, différents projets soutenus par des Etats furent repoussés ou annulés. Pourquoi ?
D’abord, la méthode de capture et de stockage rencontre une première limite: des sites susceptibles de remplir ce rôle limités en nombre et en taille. Pour que le procédé soit efficace, il importe de choisir des sites où la roche doit être suffisamment imperméable et où l’activité sismique est faible pour éviter des rejets brutaux et garantir un minimum de sécurité. Or, de tels lieux sont rares et ils ne peuvent que stocker une modeste quantité de CO2.
La seconde limite est que la capture ne concerne que le CO2 émis par l’industrie, car il est plus facile à capter que le gaz rejeté par les voitures, avions, etc. Ce procédé ne permet donc pas de réduire suffisamment les émissions de CO2 et freine en conséquence une éventuelle généralisation, à cause d’un coût de mise en place et d’entretien élevé pour un rendement relativement faible.
Enfin, cette méthode peut avoir des effets inquiétants sur l’environnement. Si, en principe, la réduction du CO2 demeure une priorité écologique, il ne doit pas se faire en engendrant une autre forme de pollution autrement plus handicapante. En effet, le procédé implique de mélanger le CO2 à de l’eau. Or, ce mélange accroît l’acidité de l’eau, ce qui a pour effet d’éroder la roche et de libérer dans l’eau des métaux lourds (plomb, zinc, arsenic…), augmentant le risque de pollution des nappes phréatiques proches du site.
Autre risque, en cas de faille de l’étanchéité du réservoir à cause de l’activité sismique ou d’érosion de la roche, une émission brutale de CO2 peut être particulièrement dangereuse au niveau local, car à partir 10% de concentration dans l’air, le gaz devient mortellement toxique pour l’Homme.
Crédit photo: CarbFix
Le cas islandais comme exemple à suivre
Le projet islandais nommé CarbFix , piloté par une équipe de chercheurs britanniques et américains pour l’entreprise Reykjavik Energy, tente cependant de surmonter ces difficultés, la priorité étant de limiter au maximum les risques sanitaires. Le site de stockage, qui est situé à proximité de la centrale géothermique de Hellisheidi, fit même une expérience inattendue et positive: le CO2 stocké dans le sol s’est transformé en calcaire.
Le procédé demeure sensiblement proche des autres méthodes de capture et de stockages, consistant à mélanger du CO2 à de l’eau pour ensuite l’injecter à plusieurs centaines de mètres de profondeur. Il existe cependant une différence: le sol est constitué de basalte, une roche volcanique ayant dans sa composition des minéraux qui sont absents dans les autres centres de capture et de stockage. Cette composition est importante, car elle provoquerait d’après les chercheurs la formation d’une roche calcaire qui emprisonnerait 95% du CO2 injecté en l’espace de 2 ans. Un résultat inattendu et qualifié de « bonne surprise » par le chef du projet Edda Aradóttir au Guardian .
Le procédé s’avère intéressant, car il permettrait de résoudre plusieurs problèmes simultanément. Outre qu’il semble réduire sensiblement le risque de fuite, que ce soit par dégazage ou déversement du mélange dans les nappes phréatiques, il nécessite un coût d’entretien plus faible que les méthodes classiques. Mais restons prudent: si cette découverte semble être de bonne augure, une étude d’impact devra être faite pour s’assurer qu’elle présente à terme peu de risques pour l’Homme et l’environnement.
Crédit photo principale : CarbFix