À une époque où tout ou presque se fait, se vit et se dit sur les réseaux sociaux, qu’occupent réellement ces systèmes de communication d’un autre genre dans la vérité vécue ?
La semaine dernière fut marquée du moins durant le weekend, par une affaire peu commune dans un pays d’Afrique Centrale, le Cameroun. En effet, alors que les populations préparaient activement les festivités marquant la fin de sept jours de pénitence et de dur labeur, un incident majeur est venu tout mettre à mal, faisant même penser selon notre source sur place à un retour aux heures sombres du pays, d’antan marquées par des troubles populaires. Monique Koumate, jeune dame trentenaire et gravidique de jumeaux s’en est allée et son décès a provoqué une immense vague de méfaits tant dans la réalité que dans les nuages (cloud) qui nous poussèrent à nous interroger quant à la réelle place qu’occupent les réseaux sociaux dans la vérité quotidienne.
Monique Koumate, ou le martyr supposé d’un système
Samedi 12 mars aux environs de 11h de la matinée, un taxi de la ville de Douala s’engouffre avec tension dans l’enceinte de l’hôpital Laquintinie, centre de soins de référence dans la sous-région, mais rayonnant également à l’international au travers de partenariats d’échange de connaissances avec la France, la Hollande, mais aussi l’Allemagne, les USA entre autres. Alors que le personnel soignant sur place constatant le décès de la jeune dame enceinte en proposant par la même la mise à disposition de son corps sans vie dans la chambre froide de l’hôpital, la jeune dame qui accompagnait la défunte clamait haut et fort que les jumeaux dont elle portait la grossesse étaient encore vivants, puisque ayant remarqué qu’ils donnaient des coups sur la paroi abdominale de leur mère.
Le personnel soignant ayant confirmé les décès autant de la mère que des enfants en son sein et refusant de pratiquer une intervention pour sauver des fœtus prématurés (non à terme) et dont les chances de survie s’amenuisaient au fur et à mesure que les minutes s’égrainaient, l’accompagnatrice du cadavre s’est adonnée à une séance de chirurgie en plein air, au devant des portes fermées du tout nouveau bâtiment de maternité inauguré il y a un mois à peine.
Une grosse ferveur prit la capitale économique de ce pays de 25 millions d’habitants, débutant par les réseaux sociaux notamment par le biais de vidéos et photos illustrant la séance de chirurgie non autorisée, en passant par des messages adressés aux autorités publiques, des pétitions demandant de soumettre une motion de vote pour rendre gratuites les admissions aux urgences en toute heure et pour les deux sexes pour se parachever par des marches et manifestations elles aussi non autorisées dans les artères de la ville, ou des émeutes au devant de l’établissement de santé sus-cité comme le souligne France24 . La dite pétition n’a guère dépassé 3000 signataires, le calme étant revenu à ce jour au Cameroun.
MANIFESTATION DEVANT L'HOPITAL LAQUINTINIE
SE TAIRE, NE RIEN FAIRE, ETRE NEUTRE EST PIRE QUE CRIMINEL!RAPPEL DES…
Posté par Vert Rouge Jaune sur dimanche 13 mars 2016
Pour information, et là nous soulignons que ni Toolito, ni notre source sur place n’ont déformé la réalité plus tard restituée par la télévision nationale. La jeune dame décédée alors gestante de 7 mois s’est sentie vendredi 11 mars fatiguée, encaissant de violentes céphalées et des sensations de lourdeurs dans les membres inférieurs ou de douleur au pubis. Accompagnée par un membre de sa famille au centre de santé de district le plus proche, il lui fut diagnostiqué une hypertension passagère (pré-éclampsie) sans doute due à son état physiologique (grossesse).
À la suite de cet épisode, la patiente rentra chez elle, et au lendemain, soit samedi matin, elle fut retrouvée sans vie par son conjoint, qui s’empressa croyant qu’elle était encore de ce monde, de la conduire très tôt en matinée, aux alentours de 7h30 au même centre de santé où elle se rendit 24 heures plus tôt. Arrivés sur les lieux, la jeune dame fut déclarée décédée par le personnel soignant sur place qui ordonna dès lors de l’interner à la morgue. La famille et le conjoint n’y croyant pas, mais surtout estimant que les fœtus étaient encore en vie, se sont rendus à l’hôpital Laquintinie, où il fut également refusé de pratiquer quelque chirurgie que ce soit, puisqu’il n’y avait quasiment plus rien à faire autant pour la mère que pour les enfants.
Devant ce refus, l’accompagnatrice du cadavre vint à la pharmacie la plus proche, où elle se procura du matériel de bloc opératoire et revint pour opérer à l’air libre et à même le sol, la défunte, pour en retirer les fœtus supposés selon elle vivants.
Les réseaux sociaux se sont embrasés
À peine 1h après l’incident qui choqua les patients et les familles alors dans l’enceinte de l’hôpital Laquintinie, les réseaux sociaux se sont embrasés à tort et à travers. Sur Twitter l’on pouvait lire quelques invectives sèches et claires adressées aux pouvoirs publics, appelant même à la démission du Directeur Général de l’hôpital Laquintinie:
@AnniePayep Le moment est Arrive
— Moses Ngwanah (@mosesngwanah) 13 mars 2016
Une pensée pour KOUMATE MONIQUE et ses 2 bébé décédé ce jour à l'hôpital Laquintinie de Dla par négligence.#RIP ? pic.twitter.com/UaumSetm89
— Ndawa Cédric (@Ledawa) 12 mars 2016
Seigneur Dieu. Dites moi que c'est pas vrai. Le corps médical de ce pays est devenu quoi ? On a touché le fonds?? pic.twitter.com/tSBApGcWSl
— Ndawa Cédric (@Ledawa) 12 mars 2016
Sur Facebook, tandis que d’autres se lançaient à l’assaut des pouvoirs publics, certains proposaient carrément une vidéo montrant la jeune dame accompagnant la défunte pratiquer sa chirurgie non autorisée.
QUE DIRE DE PLUS A PART QUE SON PETIT NOM ÉTAIT ALVINE.MORTE DEVANT LE"PARADIS" POURTANT VENUE DONNER LA VIE.
comment expliquer cela?En tout cas on ne s’arrêtera pas là…Posté par Julio Tresor Officiel sur samedi 12 mars 2016
Le pays en général et la toile camerounaise en particulier furent le théâtre d’une vague de mécontentement et de contestation qui s’est accentuée lorsque quelques sources proches du dossier ont démenti la véracité des rumeurs véhiculées sur les réseaux sociaux, tant Twitter que Facebook. L’on vit quelques stars camerounaises dont nous tairons les noms, prendre position en demandant notamment au président de la République du Cameroun, Paul Biya, de démissionner, car supposément à l’origine de tous les maux qui minent le pays. Quel est le rapport entre tous ces facteurs qui touchent de près ou de loin la désormais « affaire Koumate » ? L’abus de position, de propos et les calomnies ou diffamations liés au pseudo anonymat que nous procurent les réseaux sociaux.
Quelle est donc la réelle part de vérité que nous apportent le plus souvent ces systèmes de communications désormais incontournables ?
La place des réseaux sociaux dans notre société actuelle
Peu d’entre nos lecteurs sont capables de se passer plus d’une heure sans leur smartphone. Comment vivaient nos parents à leur époque ? La réponse se cache dans le papier et dans la responsabilité. En effet, avant l’avènement de la bulle Internet, toutes les informations qui étaient couchées sur papier pour une large diffusion étaient soigneusement étudiées, triées, mais surtout vérifiées pour éviter d’éventuelles poursuites de quelque nature que ce soit.
Avec l’arrivée des réseaux sociaux, désormais chaque internaute est capable de se muer en reporter, journaliste tout en substituant sa vraie identité. À une certaine période de l’histoire, chaque acte était flanqué des références nominales et locales de son (ses) instigateur(s). À l’heure où il est non seulement difficile de savoir qui se cache de l’autre côté d’un profil Facebook, ni même de le localiser (pour ceux qui savent user des méthodes brouillant les pistes) il est quelque peu compliqué de coller une étiquette sur tel ou tel acte ou propos. C’est ce pseudo sentiment de toute puissance qui pousse parfois à quelques dérives. L’on se souvient encore de ces fêtes géantes organisées par erreur par des jeunes internautes ne sachant point correctement manipuler les outils sociaux.
L’incident que vécu le Cameroun la semaine dernière dénote quelque peu le caractère naïf avec lequel les nouvelles technologies sont appréhendées dans certaines contrées, alors qu’elles sont au préalable destinées à faire véhiculer à la vitesse grand V l’information. Dans un souci outre que celui de l’information pure et simple, quelques jeunes se sont amusés à ridiculiser non seulement l’image de tout un pays, mais également la leur auprès des autorités en place. Si pour l’heure aucune arrestation n’a été répertoriée, il est cependant important de rappeler la place des réseaux sociaux, qui s’incrustent un peu plus chaque jour dans nos vies, à savoir: permettre de communiquer plus facilement et plus librement. Toutefois, il est nécessaire de bien faire la part des choses entre ce que l’on publie et ce qui est vrai, afin d’éviter de transformer la liberté en libertinage.
Outre le Cameroun, pas mal d’incidents sont également passés au rang des plus tordus dans le monde occidental, notamment les groupes sur WhatsApp, qui avaient pour mission d’appâter les jeunes en manque de sensations fortes. Une fois les jeunes conditionnés, ils étaient kidnappés pour les unes destinées au marché de l’esclavagisme sexuel, pour d’autre à celui de dealer. Certes, discuter avec des amis sur Facebook, organiser des soirées sur WhatsApp, se taper des barres de rire sur Snapchat, ou encore donner son avis sur Twitter tout en lisant Toolito sur Google+ est devenu aussi anodin de nos jours que de dire « Bonjour » ou ouvrir une porte, mais ne l’oubliez pas, les propos tenus sur les réseaux sociaux restent ancrés dans les serveurs des multinationales qui vous en donnent l’accès.
Une fois la vérité rétablie par les autorités camerounaises, pas mal d’internautes se sont affairés à supprimer toutes les insanités publiées en ligne, mais le mal était hélas déjà fait, et ce à jamais.
Crédit photo principale : via vidéo Facebook