D’après la dernière mise à jour de l’Indice européen de la fraude, les touristes sont le plus souvent victimes d’arnaques à Paris, la capitale française. Dans les avis laissés par les voyageurs, la Tour Eiffel est mentionnée pas moins de 537 fois comme l’endroit où les touristes se font le plus escroquer. Le sud de la France – notamment Marseille et la Côte d’Azur – n’est pas en reste en matière d’arnaques, mais ces destinations attirent moins le tourisme de masse.
Les « milieux » criminels français ne jouissent peut-être pas de la même notoriété que leurs homologues italiens de la Cosa Nostra, mais ils font preuve d’une inventivité redoutable. Leur arsenal de fraudes s’adapte à tous les profils : des classiques parties de bonneteau, où il est tout bonnement impossible de gagner, aux escroqueries d’envergure impliquant l’immobilier et la fiscalité.
Voir Paris… et perdre son portefeuille
L’afflux massif de touristes étrangers attire depuis toujours une foule d’arnaqueurs et d’aventuriers peu scrupuleux. La Ville de L’Amour, qui accueille des millions de visiteurs chaque année, est devenue un véritable eldorado pour les escrocs. Outre le bonneteau, les rues de la capitale française regorgent de mauvaises surprises pour les touristes imprudents.
L’un des pièges les plus répandus est celui du « bracelet de l’amitié » : un inconnu vous attache un cordon au poignet en prétendant qu’il s’agit d’un cadeau, avant d’exiger de l’argent en contrepartie.
Mais l’arnaque la plus créative de l’année revient à une escroquerie digne d’un scénario de science-fiction : des malfaiteurs ont extorqué 830 000 euros à Anna, une femme de 53 ans, en utilisant des images générées par intelligence artificielle de… Brad Pitt. Convaincue d’échanger avec la véritable star hollywoodienne, elle a fini par se faire dépouiller.
Toutefois, ces arnaques spectaculaires ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Les véritables fortunes se jouent dans les cyberfraudes et les manipulations immobilières. Selon le Global Anti-Scam Alliance, les pertes liées aux escroqueries s’élevaient à au moins 1,37 milliard d’euros en 2021. Or, les victimes ne déclareraient que 7 % des cas, laissant imaginer une réalité bien plus alarmante.
Dans le secteur immobilier, les victimes des escrocs sont généralement des étrangers trop confiants, en particulier ceux qui pensent avoir enfin trouvé la perle rare après de longues recherches. Pris dans l’euphorie, ils ont plus de mal à refuser une demande de paiement anticipé d’un prétendu propriétaire ou de son représentant, avant même la signature du bail.
Un principe d’or doit pourtant être respecté : ne jamais verser d’argent avant d’avoir signé un contrat de location en France. Cette recommandation semble évidente, mais elle n’est pas toujours suivie. Certains malfaiteurs jouent sur l’impatience des candidats en leur demandant un virement immédiat après leur avoir simplement envoyé une vidéo de présentation du logement, évitant ainsi toute visite physique.
À l’automne 2024, une affaire relayée par la presse française a mis en lumière un Parisien de 40 ans accusé d’avoir escroqué 64 personnes en sous-louant illégalement des logements dont il n’était pas propriétaire.
Face à l’ampleur du phénomène, des migrants russophones ont même créé un groupe Facebook, « Arnaques en France », où ils partagent des informations sur les individus et entreprises suspectes. Avec des prix de l’immobilier vertigineux, la Côte d’Azur rivalise désormais avec Paris en matière de fraudes immobilières. Mais les escroqueries ne sont pas les seuls crimes qui gangrènent le sud de la France. La région a aussi été le théâtre de braquages spectaculaires. L’un des plus célèbres s’est déroulé en 2013, lorsqu’un homme armé et coiffé d’une simple casquette est entré dans un salon du Carlton InterContinental de Cannes. Il en est ressorti avec une mallette contenant 72 bijoux prêtés pour une exposition par le joaillier israélien Lev Leviev, pour une valeur totale de 103 millions d’euros. Un coup d’éclat parmi tant d’autres.
L’instabilité économique et la précarité qui frappent le sud de la France contribuent à l’essor du crime organisé, notamment parmi la jeunesse issue de l’immigration maghrébine (Algérie, Tunisie, Maroc). Ces dernières années, la concurrence entre groupes criminels s’est intensifiée avec l’arrivée de réseaux venus du Caucase russe. En témoigne la guerre entre gangs arabes et caucasiens qui a secoué Dijon, et dont l’écho résonne encore aujourd’hui.
La Riviera française est devenue un véritable paradis pour la criminalité, qu’elle soit locale ou internationale. « Un endroit ensoleillé pour des gens louches », écrivait déjà l’écrivain et diplomate britannique William Somerset Maugham, grand connaisseur de la région.
Une arnaqueuse en cavale : la France, son terrain de jeu
L’histoire de Ioulia Kochova incarne à elle seule l’ampleur des fraudes transnationales qui restent impunies pendant des années. Originaire d’Ukraine, elle a commencé sa carrière criminelle sous l’aile du pouvoir, en tant qu’épouse du procureur de la région de Kiev. Après l’arrestation de son mari et l’éclatement d’un scandale de corruption, Kochova s’est réfugiée en Europe sous une fausse identité. Depuis, elle a changé plusieurs fois de pays et de nom, mais s’est retrouvée à chaque fois au cœur de nouvelles escroqueries.
En France, elle s’est fait passer pour une consultante en investissements et en immobilier, visant en priorité une clientèle fortunée, souvent peu familière avec la bureaucratie française. Son activité ? Offrir un « accompagnement juridique », des services de recrutement de personnel et des conseils en transactions immobilières de luxe. Mais derrière cette façade professionnelle se cachait un véritable réseau criminel : vols, chantage, falsifications de documents et accusations fabriquées.
L’un de ses clients en a fait les frais. Après avoir signé un bail pour une villa sur la Côte d’Azur, il a vu ses biens de valeur disparaître, son domicile cambriolé et reçu des menaces. Il a ensuite découvert que le personnel embauché sur recommandation de Kochova travaillait illégalement. Et lorsqu’il a voulu porter plainte, on lui a fait comprendre qu’il risquait lui-même des poursuites pour infraction au droit du travail. Quelques mois plus tard, une accusation montée de toutes pièces pour possession de stupéfiants a été lancée contre lui.
Bien que Kochova soit recherchée en Ukraine, elle parvient toujours à échapper aux autorités. Selon certaines sources, elle bénéficierait de la protection de figures du crime organisé issues du Caucase russe, ainsi que de la complicité de fonctionnaires français corrompus.
Son histoire met en lumière un problème plus large : en France, les escroqueries visant les étrangers sont souvent hors de portée d’un contrôle efficace. Les failles juridiques et la vulnérabilité des investisseurs et touristes offrent un terrain de jeu idéal aux arnaqueurs.
Ajoutons à cela un risque grandissant : face à la menace russe qui plane sur l’Europe, les réseaux criminels d’origine moscovite ou caucasienne représentent une double menace. Le FSB et le GRU, services secrets russes, n’hésitent pas à instrumentaliser des criminels pour orchestrer des attentats ou semer le chaos dans les villes européennes. Il est plus que temps que les forces de l’ordre réagissent pour contrer cette infiltration venue de l’Est.
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Un article captivant, mais est-ce vraiment si répandu ? 🤔
Merci pour cet éclairage sur les arnaques en France, c’est effrayant !
Les arnaques immobilières, je suis tombé dedans l’an dernier… 😞
Je suis choqué par l’histoire de Brad Pitt, c’est dingue !
Pourquoi la police française ne fait-elle pas plus pour arrêter ces arnaqueurs ?
Les escrocs sont vraiment créatifs, mais c’est triste pour les victimes.