Dans les tourments diplomatiques de la guerre de Gaza, seul le Qatar semble tirer son épingle du jeu.
Depuis un mois, les échos du conflit israélo-palestinien résonnent au-delà des frontières de Gaza, atteignant la péninsule arabique où le Qatar se positionne en médiateur silencieux mais efficace. Le petit État du Golfe s’est frayé un chemin à travers les labyrinthes diplomatiques de la région, ayant établi depuis de nombreuses années un dialogue diplomatique tant avec le Hamas qu’avec Israël.
Car depuis une dizaine d’années, à la demande des autorités américaines, Doha accueille les dirigeants du mouvement terroriste tout en versant, chaque mois, le salaires des milliers de fonctionnaires gazaouis. Une particularité approuvée alors par Washington, mais aussi par Tel-Aviv. D’ailleurs, simultanément, le Qatar n’a pas hésité à tisser des liens avec l’État hébreu, et aujourd’hui l’Émir Al-Thani est devenu l’interlocuteur numéro un pour Tel Aviv dans sa quête de solution pour faire libérer les quelques deux cent otages prisonniers à Gaza. Une médiation qui ne se limite pas à la négociation de la libération des otages. Doha a également joué un rôle dans l’évacuation de citoyens étrangers de Gaza et le traitement des blessés palestiniens en Égypte.
Le médiateur du monde
Mais le terrain de médiation du Qatar s’étend également au-delà des frontières de Gaza. Depuis de nombreuses années que ce soit au Liban, en Afghanistan ou même avec l’Iran, le Qatar a su se montrer présent, offrant systématiquement son territoire comme lieu de dialogue. Un véritable « savoir-faire diplomatique » censé assurer la survie politique du petit confetti émirats, coincé entre les géants saoudiens, iraniens…
Le « soft power » qatari, analysé et étudié depuis de nombreuses années, notamment dans les médias avec la chaine Al-Jazeera ou avec l’influence du pays dans le sport (PSG, coupe du Monde…) prend donc une tournure très diplomatique. Car depuis un mois, le monde entier fait la queue à Doha pour plaider sa cause : français, britanniques, américains ou allemands demandent à l’Émir de plaider la cause de leurs concitoyens prix en otage auprès du Hamas. Mais les iraniens comptent aussi sur les qataris pour tenter de plaider leur bonne foi auprès des américains. Alors même que le conflit et les morts sont en Israël et en Palestine, c’est bien le petit émirat du golfe qui est au coeur des débats et des négociations depuis quatre semaines.
Et en dépit de la rhétorique tranchante de l’Émir Sheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, dénonçant les bombardements israéliens sur Gaza comme « barbares » , les efforts de médiation du Qatar continuent, avec toutes les parties prenantes. Son rôle dans la crise actuelle souligne non seulement son influence croissante mais aussi la complexité des alliances dans cette région tumultueuse.