Le Conseil de coopération des États turciques a nommé Turkestan, une ville du sud du Kazakhstan connue pour son mausolée et ses pèlerinages, capitale spirituelle du monde turcique. Le président kazakhstanais Kassym-Jomart Tokayev souhaite mettre en valeur le passé culturel et spirituel de cette cité millénaire, l’une des perles de l’Asie centrale.
Turkestan, une capitale déjà consacrée par l’UNESCO
Le 31 mars 2021, s’est tenu par vidéoconférence un sommet organisé par le Conseil de coopération des États turciques : « Turkestan, –capitale spirituelle du monde turcique ». Lors de ce sommet, la ville de Turkestan – qui signifie « pays des peuples turciques » et qui est située au sud du Kazakhstan – a été proclamée capitale spirituelle du monde turcophone. D’autres villes anciennes de la région, souvent méconnues, pourraient se voir accorder à l’avenir un statut similaire par rotation.
Le Conseil turcique a été créé en 2009 en tant qu’organisation intergouvernementale dont l’objectif principal est de promouvoir une coopération globale entre les États turciques. Il est composé de l’Azerbaïdjan, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de la Turquie et de l’Ouzbékistan, ainsi que de la Hongrie en tant qu’État observateur. Ce sommet – qui coïncidait avec Nowruz, la fête qui célèbre l’équinoxe de printemps symbolisant le renouveau de la nature – a réuni tous les chefs des États membres ainsi que le Premier ministre hongrois Viktor Orban, et a été présidé par Kassym-Jomart Tokayev, président de la République du Kazakhstan.
« Notre objectif est de transformer le monde turcique en l’une des plus importantes régions économiques, culturelles et humanitaires du XXIème siècle » a expliqué ce dernier. « Nous proposons de commencer la modernisation de la civilisation turcique en faisant découvrir au monde l’héritage de Khoja Ahmed Yassawi et de Turkestan la sacrée ». Une déclaration qui fait écho à la politique de modernisation et de libéralisation mise en œuvre depuis un an et demi par le gouvernement kazakhstanais.
Situé dans un pays où la tolérance religieuse fait loi, le mausolée de Khoja Ahmed Yassawi est un important lieu de pèlerinage d’Asie centrale. Erigé au XIVème siècle, l’édifice fut, en 2002, le premier site kazakh reconnu par l’UNESCO comme patrimoine mondial de l’humanité. Ce monument couronné du plus grand dôme jamais construit en Asie centrale (8,2 mètres de diamètre pour 28 mètres de haut) est situé à 30 kilomètres de Turkestan. Outre le mausolée du mystique soufi du XIIème siècle Ahmed Yassawi, la Bégum (l’épouse favorite du sultan) Rabia, fille d’Ulugh Beg, le prince-astronome de Samarcande, y mourut en 1485 et y est également enterrée. Turkestan fut également la capitale du Khanat kazakh, État qui exista entre le XVème et le XVIIIème siècle.
Symboles de l’amitié et de l’unité des peuples turciques
Le Conseil turcique qui vient de consacrer Turkestan devait initialement y avoir lieu en présentiel, mais, en raison de l’épidémie de Covid-19, il a été organisé en ligne. En ouverture de la réunion, le président Tokayev a déclaré que Turkestan était la terre des ancêtres, un lieu sacré et le foyer des peuples turcophones. Après avoir rappelé la nécessité de développer plus de coopération dans des domaines tels que l’intelligence artificielle, le big data, la numérisation et le commerce en ligne, l’eau et l’énergie, Tokayev a insisté sur les liens culturels qui unissent les pays du Conseil. La capitale du Kazakhstan, Nur-Sultan, abrite le siège de l’Académie turcique, tandis que le Secrétariat général du Conseil est situé à Istanbul et Bakou accueille son Assemblée parlementaire.
Afin de faciliter la coopération dans le domaine de l’éducation, le président de la République du Kazakhstan a ainsi proposé de créer le fonds d’éducation Great Turkic People (« Grand Peuple turcique ») qui coordonnera les liens entre les différentes universités en matière de mobilité académique, de stages et de développement professionnel. « Nous sommes prêts à allouer 50 bourses à des jeunes de pays frères pour des études à l’Université internationale kazakho-turque Khoja Ahmed Yassawi » a-t-il déclaré.
Davantage de travaux archéologiques devraient également être entrepris à Turkestan, afin de mettre en valeur son passé. « Il serait bon que nous construisions à Turkestan un site architectural commun pour symboliser l’amitié et l’unité des peuples turciques », a ainsi précisé le chef de l’État. Une coopération dont les touristes pourraient profiter une fois la crise sanitaire terminée : la consécration de Turkestan devrait être l’occasion pour eux de partir à la découverte d’une région au patrimoine culturel exceptionnel.