Un milliard d’euros. Le 21 février dernier, l’État et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ont sorti le carnet de chèques en faveur des modes de transport durables, comme le train et l’autoroute. Gros plan sur les projets et les ambitions des pouvoirs publics et de leurs partenaires privés.

Marseille, lundi 22 février. Au pupitre de l’Hôtel de région, à deux pas de la jolie Porte d’Aix, le ministre délégué en charge des Transports Jean-Baptiste Djebbari annonce la (bonne) nouvelle : un milliard d’euros d’investissements seront débloqués sur dix ans en faveur des mobilités du quotidien sur la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), dans le cadre du contrat d’Avenir de 5,1 milliards d’euros annoncé par le Premier ministre Jean Castex en janvier dernier. Comme une réponse au « trou financier » des transports du quotidien évoqué un an plus tôt par Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique. Au menu, la relance du réseau ferroviaire avec un « protocole pour la sauvegarde des dessertes ferroviaires fines du territoire » – autrement dit les petites lignes peu usitées – et un « partenariat relatif à l’amélioration des mobilités routières durables ». Dans l’assistance, un homme a le sourire : Renaud Muselier, président du conseil régional, est en première ligne sur le sujet depuis son entrée en fonction en mai 2017.

Le train, grand gagnant du plan de relance des transports

Entrons un peu dans les détails. L’historique des relations entre la région PACA et la SNCF a connu des hauts et des bas – surtout des bas – ces dernières années. En 2017 finalement, un accord a été trouvé entre les deux parties, avec le financement de nouveaux travaux (696 millions d’euros par l’État et la région, 183 millions par la SNCF). Sont ainsi menés à bien plusieurs projets comme la modernisation des lignes Martigues-Marseille, Marseille-Aix en Provence et celle du tunnel ferroviaire de Menton, le renouvellement des 49km de voies entre Toulon et Marseille ou encore le remplacement du viaduc de la Siagne. Les gares également connaissent un lifting avec l’installation de portiques fixes ou mobiles, de tourniquets de contrôle et de caméras.

Etape suivante, en 2019, la région PACA et la SNCF signent une convention de cinq ans dans le cadre de l’ouverture à la concurrence, souhaitée par Renaud Muselier. La même année, la région sudiste est la première en France à lancer une procédure de délégation de service public de dix ans, pour la ligne Marseille-Nice et pour le réseau niçois. Objectif global : ne fermer aucune ligne, même celles à faible fréquentation. Une logique confortée aujourd’hui par l’annonce de Jean-Baptiste Djebbari. « 580 millions d’euros vont être mobilisés pour assurer l’avenir pour plusieurs dizaines d’années des lignes de la Côte Bleue, de l’étoile de Veynes et de la ligne Nice-Breil-Tende », a détaillé Renaud Muselier le 21 février dernier. L’élu régional s’est également félicité des performances du réseau TER de sa région : « Avec seulement 2% d’annulation et 90% des trains qui arrivent à l’heure, l’ensemble du réseau TER de la région connaît une hausse de fréquentation de 14% par rapport à 2016 et cela, malgré l’impact de la crise liée à la Covid-19. » Avec le nouveau contrat paraphé par le ministre des Transports et par le directeur régional de la SNCF, Karim Touati, les Provençaux – attachés à leurs petites lignes régionales – peuvent être rassurés : leur réseau ferroviaire est là pour durer. « Tout sera donc mis en œuvre pour éviter la fermeture de ces lignes essentielles à la mobilité rurale », ont insisté d’une seule voix Jean-Baptiste Djebbari et Renaud Muselier.

Le réseau routier, acteur incontournable de la mobilité durable

Mais le rail n’est pas le seul bénéficiaire de ces mesures. « Réduire les gaz à effet de serre pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris est un défi énorme pour tous, rappelle Ashim Paun, directeur de recherche Groupe HSBC spécialisé dans les problématiques liées au changement climatique. Pour parvenir à la réduction nécessaire, nous devons opérer une décarbonation généralisée de l’économie, avec des réductions particulièrement importantes dans les domaines où la technologie le permet, notamment dans le secteur des transports. » Outre le train, la mobilité au quotidien ne saurait donc oublier le réseau routier. Car c’est une réalité qui ne changera pas de sitôt : en France, 9 déplacements sur 10 se font par la route. Pour rendre compatible cette dernière avec les objectifs globaux de la transition écologique, les pouvoirs publics et les opérateurs privés ont décidé de marcher main dans la main.

Dès 2019 dans une tribune commune publiée dans Les Echos, le président de la région PACA Renaud Muselier et Pierre Coppey, le PDG de Vinci Autoroute, ont misé sur l’importance de l’engagement commun des collectivités locales et des acteurs privés, avec la signature de leur partenariat : « Cette alliance entre un acteur privé et une collectivité territoriale vise à accélérer le développement des mobilités bas carbone sur autoroute, en phase avec le plan climat de la région, “Une COP d’avance”. Engagée depuis deux ans dans une politique environnementale ambitieuse, la région Sud a engagé des actions fortes pour améliorer la qualité de l’air : 1ère ligne de cars interurbains 100% électriques d’Europe entre Toulon et Aix, cars interurbains au GNV, aide à la conversion des véhicules au bioéthanol, installation d’une borne de recharge électrique tous les 100km… » Des promesses concrétisées par l’opérateur autoroutier avec des investissements massifs dans de nouvelles infrastructures de recharge électrique, hydrogène et biogaz, et dans le transport multimodal et partagé.

Une logique de partenariat qui vient donc d’être confirmée par la nouvelle convention signée entre l’Etat, la région, Vinci Autoroutes et sept collectivités locales majeures, assortie d’un budget de 460 millions d’euros sur dix ans. Leur objectif commun : poursuivre la décarbonation des modes de transports routiers, soulignant ainsi « la volonté d’agir ensemble et la confiance régnant entre les décideurs politiques » chères au ministre Djebbari. Au programme donc des futurs travaux, treize grands chantiers comme la création d’une voie réservée à la circulation des transports en commun sur l’autoroute A8 entre Villeneuve-Loubet et Antibes, afin de mieux desservir le bassin de l’emploi que représente le Technopole Sophia-Antipolis. Toujours sur l’A8, de nouveaux échangeurs à Mougins, Cannes ou Mandelieu-la-Napoule seront construits avec, comme finalité, de fluidifier le trafic et de réduire les émissions de gaz à effet de serre. D’autres projets sont également dans les tuyaux pour l’A50 et l’A57, comme au Luc. « Un nouvel échangeur viendra à point nommé alors que cette commune du Var devrait accueillir un nouveau lycée », s’est félicité le président du conseil départemental concerné, Marc Giraud.

« Aujourd’hui, le réseau autoroutier a un rôle essentiel à jouer dans la décarbonation des mobilités, car les déplacements des Français par la route représentent plus d’un tiers des émissions totales de CO2 du pays », a souligné Pierre Coppey, président de Vinci Autoroutes et fer de lance de l’autoroute bas carbone, lors de la signature de la nouvelle convention. Des grands travaux et des partenariats publics-privés qui pourraient donner des idées aux présidents des régions voisines, comme Carole Delga en Occitanie, Alain Rousset en Nouvelle-Aquitaine ou encore Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes. « La neutralité carbone est un objectif souhaitable : la transition bas carbone améliore la qualité de vie (qualité de l’environnement, santé…) et est positive pour l’emploi sans altérer la croissance économique », ne cesse de marteler le ministère de la Transition écologique. Toutes les régions seraient bien avisées de prendre ce train en marche.

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Alexandre, rédacteur passionné avec une solide expérience en gestion et ressources humaines, a été Sales Business Director pendant dix ans puis Responsable RH pendant cinq ans. Diplômé de Paris Dauphine en administration des affaires, il allie expertise et curiosité pour partager des informations claires. Contact : [email protected].

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