L’homme d’affaires Mohamed Bouamatou, l’une des premières fortunes de Mauritanie, multiplie les projets caritatifs. Avec deux priorités clairement énoncées : les problématiques de santé, et la défense des droits de l’Homme et de la démocratie. Des engagements qui font de lui le premier bailleur non institutionnel du pays.
Pour cet ancien instituteur, qui a bâti au fil des décennies un empire polymorphe (le BSA Group qu’il dirige et qu’il a fondé est présent dans les travaux publics, l’agroalimentaire, la téléphonie, ou l’aviation entre autres), la priorité a longtemps consisté à améliorer les infrastructures médicales du pays.
C’est à ce titre qu’il crée en 2001 la première clinique ophtalmologique de Mauritanie. Près de vingt ans plus tard, c’est toujours Mohamed Bouamatou qui finance l’établissement, devenu un centre de référence incontournable en Afrique de l’Ouest. Grâce à lui, chaque année, plus de 5 000 patients se font opérer gratuitement de la cataracte.
L’homme d’affaires a également financé les travaux de rénovation et d’extension de la maternité de l’hôpital Cheikh Zayed dans la capitale mauritanienne. Des travaux qui ont permis d’y installer des unités de chirurgie et de soins intensifs pour être en mesure de sauver les vies de bébés et de mamans en cas d’accouchements difficiles.
En parallèle, Mohamed Bouamatou finance également au fil de l’eau des projets et des ONG autour de causes qui lui tiennent à cœur, souvent dans des domaines ayant trait à la santé ou aux conditions de vie des populations, comme l’approvisionnement en eau potable de plus de 10 000 foyers dans la région de Kiffa, au sud du pays.
L’autre axe prioritaire des engagements philanthropiques de Mohamed Bouamatou a trait à la défense des droits de l’Homme et à la démocratisation. Deux thématiques sensibles dans un pays où existent encore, selon les Nations unies, des pratiques esclavagistes, et où le pouvoir est régulièrement confisqué par des juntes militaires, à l’image de celle qui a amené au pouvoir le président sortant Mohamed Ould Ahmed Aziz.
Au grand dam des militaires au pouvoir, qui multiplient les tracasseries à l’encontre de l’homme d’affaires pour entraver son action, il a lancé en 2015 la Fondation pour l’égalité des chances en Afrique. Une ONG de défense des droits de l’Homme soutenue par Human Rights Watch et diverses personnalités engagées dans la défense de l’état de droit, à l’image de l’ancien Commissaire européen Denis Michel, de l’avocat Georges-Henri Beauthier ou du prix Nobel de la Paix Denis Mukwege.
Un combat en faveur des Droits de l’homme et de la démocratie, qui contraint Mohamed Bouamatou à vivre en exil, plusieurs procédures judiciaires ayant été lancées contre lui dans son pays, mais qui ne l’empêche pas d’agir sur la scène politique. À l’occasion des dernières élections présidentielles, il a soutenu le candidat de l’opposition Sidi Mohamed Ould Boubacar et a fait le choix de préparer une alternance démocratique en Mauritanie.
Une situation encore loin d’être une réalité : le dauphin désigné de l’ancien putschiste Mohamed Ould Ahmed Aziz, le général Mohamed Gazouani, va lui succéder à la tête de l’État au terme d’une présidentielle ficelée par les militaires au pouvoir.